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[Nantes ville non-sexiste] Expérimenter : une sacrée gageure pour une collectivité !

Lors de mon dernier article concernant Nantes ville non-sexiste, je vous expliquais avoir été sélectionnée avec mes collègues Aurélie Arquier et Hubert Billemont pour accompagner la mutation du Conseil nantais pour l'égalité femmes-hommes en un réseau pour la ville non-sexiste (pour vous rafraichir la mémoire, c'est ICI et ICI). Je terminais mon article en affirmant que l'enjeu se trouvait tout autant dans la question démocratique que dans le cœur du sujet en lui-même.


La Ville de Nantes a proposé à une quarantaine d'organisations, majoritairement des associations, de participer à trois ateliers de concertation, animés par nos soins, pour préfigurer le futur réseau de la ville non-sexiste. Un cadre a été posé et nous avons rappelé aux participant.es que ce n'est pas parce qu'un certain nombre de (bonnes et très bonnes) idées émergent que les élu.es les adopteront et les mettront en œuvre.

Néanmoins, lorsque il est demandé à des professionnel.les de passer 3 fois 3 heures à plancher sur un sujet aussi sensible, des attentes sont créées. Si un minimum de contributions ne sont pas prises en compte, le gout amer de la défiance à de grandes chances de se faire ressentir.

Il semblerait que la Ville en est toute à fait consciente car, lors de la restitution de cette phase d'émergence le 19 juin, auprès de 150 représentant.es d'associations, de services, d'organisations diverses et variées, des propositions sortant des sentiers battus ont été retenues et la volonté de les expérimenter ensemble a été clairement affirmée, comme indiquent les axes suivants :

  • Un comité de pilotage mixte associations/organisations du réseau et Ville de Nantes

  • Une série de 3 réunions pour approfondir cette gouvernance mixte, et se mettre d'accord sur les sujets d'études et actions à mener par ce nouveau réseau

  • Un pouvoir d'interpellation du réseau accepté et attendu

  • Un budget dédié au fonctionnement du réseau (en plus du budget de subventions aux associations militantes et du budget dévolu à la politique de la ville non-sexiste).


Ces points témoignent d'une réelle volonté à expérimenter de nouveaux fonctionne-ments qui sortent du cadre établi du dialogue citoyen à la nantaise. L'avenir nous dira si les discours prononcés le 19 juin se traduiront dans une réalité partagée. Mais la gouvernance mixte sera peut-être mise à rude épreuve, car il existe un domaine connexe, également porteur d'enjeux et de potentiels conflits, qui ressortira dans les travaux du réseau certainement : celui des mots, des termes utilisés et des représentations. Pourquoi passer d'une politique d'égalité femmes-hommes à une politique du non-sexisme ? Qu'est-ce qu'on met exactement derrière chacun de ces termes ? Ont-ils une hiérarchie et sur quelle base ? Les enjeux autour de ces mots sont-ils les mêmes pour une ville qui malgré tout est au rythme des élections municipales, et pour des associations militantes avec une lutte à mener à long terme ?


Le débat lors du 19 juin sur le terme de "l'intersectionnalité" a montré à quel point les mots ont leur importance mais surtout que leur partage, et leur portage, ne va pas de soi. Dans un mode manichéen qui se polarise très souvent autour d'une binarité tranchée, il y a encore du travail pour que les mots porteurs d'engagements puissent être utilisés sans la crainte de se faire assassiner sur les réseaux ou dans les sphères politiques... Encore un défi à expérimenter pour que le débat démocratique soit à la fois contradictoire et constructif.


Crédit photos : Ville de Nantes et Anne Johnson // Facilitation graphique : Anne de BZH


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